Le Quai d’Orsay organisait son premier hackathon #Diplonum les 25 et 26 janvier dernier. Ce fut l’occasion pour une équipe d’Open Knowledge France de collaborer avec le Ministère des Affaires Étrangères et du Dévelopement International sur la protection des espèces menacées, un enjeu pour lequel la collaboration internationale est essentielle.
À l’occasion de la journée mondiale de la vie sauvage, nous publions un compte rendu de ces deux journées de hackathon et des suites éventuelles de ce travail encourageant.
Le trafic d’espèces menacées, animales ou végétales, serait le quatrième commerce illégal dans le monde, il permet de financer le terrorisme et contribue à l’extinction des espèces.
En réponse, un cadre international de collaboration a été mis en place, la CITES, pour Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction. Ce cadre définit une liste des espèces menacées par pays, ainsi que les mesures de protection associées à appliquer, comme l’interdiction de la vente.
En France, c’est le Ministère des Affaires Étrangères qui coordonne la lutte contre le trafic illégal d’espèces à l’interntional, à travers le Pôle biodiversité forêts océans et en lien avec d’autres institutions telles que les Douanes, le Ministère du Développement Durable mais également le Museum d’Histoire Naturelle et le secrétariat international CITES basé à Genève au sein de l’UNEP, l’Agence des Nations Unis pour l’Environnement.
Ces deux journées de hackathon ont donc été l’occasion pour ces différents acteurs, constitués en équipe, de se pencher sur la question de la lutte contre le trafic d’espèces sous l’angle du numérique.
Le constat commun est que l’une des principales difficultés de la mise en œuvre de l’accord CITES est de pouvoir identifier précisément quelles sont les espèces menacées et les sanctions liées en fonction du pays. Pour le dire plus simplement, la convention CITES ressemble à une arche de Noé, sauf que nous avons plus d’une centaine d’arches, 35 000 espèces différentes, et des équipages qui ne parlent pas tous le même langage ni n’utilisent les mêmes règles de vie en commun sur leur bateau.
Ainsi, l’enjeu est à la fois de pouvoir mieux informer les différents intervenants dans la lutte contre le trafic, et en premier lieu, les agents des douanes et les autres forces de contrôle, mais également de mieux sensibiliser les potentiels acteurs du trafic (vendeurs, acheteurs, touristes, etc.) sur les sanctions encourues, et ce en fonction du pays.
Il existe déjà un grand nombre d’informations sur la protection des espèces menacées, notamment le registre Species+ qui répertorie les espèces et leur statut juridique par pays.
Cependant, ce registre est à priori peu connu du grand public, et difficilement compréhensible. Au final, le touriste ou l’agent de douane qui fait une requête sur son moteur de recherche préféré pour savoir si l’animal qu’il a en face de lui est protégé aura peu de chance de trouver le résultat directement. Il n’existe par ailleurs pas ou peu d’outils spécifiques pour les agents de contrôle, ni pour les touristes consciencieux. Enfin, la plupart de ces informations sont uniquement disponibles en anglais.
Notre équipe a donc d’abord proposé l’idée de développer une application web permettant de facilement identifier une espèce, déterminer son statut, et informer sur les sanctions, le tout en français et anglais pour commencer. Une telle application pourrait être utilisée à la fois pour sensibiliser et éduquer les populations, mais également pour renforcer le pouvoir des forces de contrôle et acteurs du cadre CITES.
Mais l’audience d’une telle application a ses limites, et afin de pouvoir pleinement profiter du pouvoir du web, l’enjeu n’est pas tant de développer l’outil le plus élaboré que de faire remonter l’information là où ceux qui devraient en avoir connaissance se trouvent. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de continuer sur cette idée d’application, mais en se basant sur les communs numériques, que sont par exemple wikimédia ou wikidata.
Ces communs numériques ont en effet l’avantage d’héberger un grand nombre d’informations, la plupart des espèces y sont déjà listées, avec des photos, et d’être très bien référencés sur les moteurs de recherche. Par exemple, les « boxes » d’information proposées par Google pour certaines requêtes comme le nom d’un animal sont souvent constituées d’information provenant de wikidata et wikimedia.
Nous avons donc passé une grande partie de nos deux journées à contribuer à la plateforme wikidata, grâce en particulier au soutien d’un membre de l’équipe wikimedia qui s’est déplacé pour l’occasion et que nous remercions chaleureusement. Le résultat est que les 35 000 espèces répertoriées dans la base CITES sont désormais identifiées en tant que telle sur la base de données communes wikidata, ce qui est une première étape pour ensuite associer d’autres données telles que le statut juridique, les pays, les sanctions encourues, etc.
Une fois toutes ces informations mises en ligne, et liées entre elles, il sera beaucoup plus facile de développer une application permettant l’identification d’une espèce, mais également de retrouver l’information via un moteur de recherche. Ce sera l’objet, nous l’espérons, des prochaines étapes de notre collaboration avec le MAEDI.
2è jour du #diplonum, @pzwsk et @cecileLG présentent à @jeanmarcayrault les bénéfices des #communs numériques et de l’#opendata.
Si vous êtes intéressés par cette initiative et que vous pensez pouvoir nous aider (import et gestion de données sur wikidata, web sémantique, développement et design web, IA, community management, etc.), n’hésitez pas à nous contacter : contact@okfn.fr
L’équipe du hackathon était constituée de personnes du MAEDI, du
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